samedi 28 décembre 2019

Transports en commun

     Au cours de sa carrière, Jean Routier a dessiné des centaines de voitures et beaucoup de véhicules utilitaires - ces derniers notamment pendant la guerre. En revanche, les transports en commun sont très peu nombreux.

Un dessin, non daté, représente une bousculade dans le métro.

Jean Routier - coll. part. A. Z.
  
Deux autres dessins, sans doute antérieurs, évoquent aussi les transports collectifs parisiens :

-  L'un, illustrant un autobus, est un bandeau de bas de page, utilisé à plusieurs reprises dans la revue Automobilia (en 1921, 1927).

Jean Routier - Automobilia, n° 99, 1921-06-30 - BnF - cl. de l'A.

 - L'autre est un dessin original, extrait d'un article "Plaidoyer contre la taxe de luxe appliquée à l'Automobile" paru dans Automobilia en juillet 1922. Il reproduit -  in extenso nous dit la revue - une brochure  publiée et répandue "à profusion" par MM. Goudard et Mennesson, constructeurs du carburateur Solex. N'ayant localisé aucun exemplaire de cette brochure, j'ignore si les dessins de Routier y figuraient déjà ; c'est fort possible car ce dernier a signé des publicités pour Solex entre 1921 et 1923 puis en 1927. [voir Addendum]


Jean Routier - Automobilia, n° 124, 1922-07-15, p. 56 - BnF - cl. de l'A.


     Maurice Goudard (1881-1948) et Marcel Mennesson (1884-1976), ingénieurs centraliens, créateurs en 1905 d'une entreprise fabriquant des radiateurs et des carburateurs, déposèrent la marque Solex en 1910.

Les marques internationales, supplément de La Propriété industrielle, 18e année, n° 210, t. IV, 31 juillet 1910, 
p. 93  Source :gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Leur plaidoyer contre la taxe de luxe recourt à des arguments classiques :

- C'est à tort que l'automobile figure dans la nomenclature des objets de luxe, comme les bijoux, les fourrures, les objets d'art... En effet, en tant que moyen de déplacement, ce n'est pas un luxe mais une nécessité.
- Le montant de la taxe (10 %) est beaucoup trop lourd pour un objet dont les mutations sont fréquentes (une voiture change de propriétaire tous les 3 ans ; sa durée de vie n'excède pas 15 ans). Elle s'ajoute à d'autres taxes. La France est le pays où l'automobile est le plus lourdement taxé.
- La taxe est mortelle pour le commerce et donc pour la production d'une industrie qui emploie plus de 500 000 ouvriers.
- "Au lieu de viser à restreindre par des impôts la possession des objets de luxe, il est plus humain d'en étendre l'usage au plus grand nombre."
- La diffusion sans frein de l'automobile engendrera davantage de recettes fiscales (droits de circulation, taxe sur l'essence, ...).
- Dans une perspective militaire, le développement de l'industrie des transports est capitale.

Conclusion : "...la taxe de luxe doit disparaitre pour le plus grand bien de notre industrie, de nos finances et de la moralité du commerce."[1]

Jean Routier - Automobilia, n° 124, 1922-07-15, p. 57 - BnF - cl. de l'A.


Note
[1] Un article de Pierre Dumont, dans Les Annales commerciales, judiciaire et fiscales, n° 34, octobre 1931, p. 166-172 analyse "le régime fiscal des automobiles, cycle-cars, side-cars et motocyclettes" (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6208093t/f8.image.r=taxe%20de%20luxe%20sur%20les%20automobiles). On y apprend que le taux fixé par décret du 26 juin 1920 était de 12 %. En 1923, une loi en exclura les voitures d'occasion et mettra la taxe à la charge du fabricant ; le taux sera ramené à 10 % en 1929 et à 6% en 1930.
 
 
 Addendum du 20 mars 2021

La plaquette "Plaidoyer contre la taxe de luxe" fait l'objet d'un compte rendu dans La pratique automobile, n° 370, 1er juillet 1920, p. 8746, qui précise qu'elle est illustrée par Jean Routier.

 


 


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