vendredi 4 décembre 2015


Les bandeaux du Journal (octobre-décembre 1918)


        Le sous-lieutenant Routier change d'affectation en août 1918 et quitte la section sanitaire anglaise qu'il commandait depuis avril 1917, sans doute à la suite d'une intoxication par les gaz (avril 1918). Affecté au dépôt du  train à Versailles,  il se trouve en congé de convalescence pendant 2 mois, sans doute en septembre et octobre 1918.

        Il poursuit sa collaboration à L'Automobile aux Armées, mais commence à placer des dessins dans le numéro du dimanche du quotidien "Le Journal"  : deux dessins encadrant le titre, dont les légendes se répondent par parallélisme ou antithèse. Il innove car, jusqu'à cette date, les oreilles du Journal étaient occupées par des citations, des maximes, des réflexions, parfois par des informations.  Ces dessins - patriotiques - concernent tous la guerre, opposent les alliés aux "boches", commentent l'abdication de Guillaume II, célèbrent la Victoire, la Paix, la Liberté. Le dépouillement du Journal, facilité par sa mise en ligne dans gallica, a fourni  14 bandeaux illustrés au cours du dernier trimestre 1918.

        Le Journal est un quotidien, fondé par Fernand Xau, en 1892, avec l'ambition d'être un journal littéraire pour un large public ; il est de sensibilité républicaine. Caran d'Ache y publie un dessin hebdomadaire le lundi (du 6 mars 1894 au 25 novembre 1895), puis le mercredi (de décembre 1899 à mai 1906). A partir de 1911, une nouvelle direction imprime au journal une ligne politique conservatrice et nationaliste. En 1913, avec 1 million d’exemplaires, il devient l'un des quatre grands quotidiens de Paris (avec Le Matin, Le Petit Parisien, Le Petit Journal). Après la guerre, sous la direction politique de François-Ignace Mouthon (de 1918 à 1930), journaliste catholique et antisémite, son orientation conservatrice se renforce. A la suite d'un scandale (l'un de ses actionnaires, Pierre Lenoir, est convaincu d'espionnage et fusillé le 24 octobre 1919), son tirage diminua de moitié et ne retrouva jamais sa diffusion antérieure (650 000 ex; en 1936, 411 000 en mars 1939). [1]
"Le Journal fut toujours largement ouvert aux collaborateurs extérieurs du monde politique et du monde des lettres, des arts et des sciences. C'était un journal bien fait, vivant, à la mise en pages claire, qui sut adapter sa formule aux modes du moment." [2].

Tous les extraits du Journal publiés ci-dessous proviennent du site :
gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Dimanche 6 octobre 1918











Jeudi 10 octobre 1918




Dimanche 13 octobre 1918






















Dimanche 20 octobre 1918















Dimanche 27 octobre 1918




Dimanche 3 novembre 1918




Dimanche 10 novembre 1918
















Dimanche 17 novembre 1918
















Dimanche 24 novembre 1918




Dimanche 1 décembre 1918















Dimanche 8 décembre 1918
















Dimanche 15 décembre 1918




Dimanche 22 décembre 1918




Mardi 31 décembre 1918






        Outre ces dessins dans le bandeau du titre, Jean Routier publie, pendant la même période, trois dessins humoristiques  en pied de la première page.
Le premier traduit l'anxiété du public face à l'épidémie de grippe espagnole qui connait un pic en octobre 1918 (128 000 victimes en France pour l'année 1918). [3]

 Le Journal 1918-10-23
gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

         Le deuxième évoque l'abdication de Guillaume II, intervenue le 9 novembre 1918.


  Le Journal 1918-11-10
gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

        Un article de Clément Vautel, paru le même jour, développe cette aussi cette idée, mais bien sûr en rejetant toute ressemblance avec Napoléon.


Le Journal 1918-11-10
gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France



Enfin,  le troisième illustre la "fuite" de Guillaume, "comte de Hohenzollern" aux Pays-Bas.

 Le Journal 1918-11-17
gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

         Les journaux relatent avec plus ou moins de détails cette peu glorieuse fuite : ils soulignent l'hostilité de la foule (300 personne selon Le Petit Journal) et la "morgue insolente" de l'ex-empereur.







 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Le Journal 1918-11-14
gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

 

 

 


Le Petit Journal 1918-11-14
gallica.bnf.fr /
Bibliothèque nationale de France

 

Le Temps 1918-11-14
gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

 

Notes

[1] Notice détaillée dans : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/AP-pdf/08-AR.pdf
[2] Bellanger (Claude), Godechot (Jacques), Guiral (Pierre), Terrou (Fernand) dir. Histoire générale de la presse française. III : De 1871 à 1940. Paris : PUF, 1972, p. 520-522. 

[3] Darmon (Pierre). La grippe espagnole submerge la France. L'Histoire, nov. 2003, p. 79. http://www.histoire.presse.fr/recherche/la-grippe-espagnole-submerge-la-france-01-11-2003-7218


Annexe


         Alors que les abdications se multiplient (l'empereur Charles I d'Autriche ; les rois de Bavière, de Wurtemberg, de Saxe ; de nombreux ducs, ...), Gus Bofa publie ce dessin dans Le Journal :

"Tête nue par ces temps, y'a de quoi prendre la crève !"



 Le Journal 1918-11-15
gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


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